Depuis 2014, le 30 mai est la Journée mondiale des droits aux origines. Œuvre du collectif pour la Coordination des actions pour le droit à la connaissance des origines, cette journée illustre le combat des enfants né·e·s sous X et autres personnes qui se battent pour connaître l’identité de leurs parents biologiques. Profitons de cette journée pour soutenir le combat de ces personnes qui désirent connaître leurs origines biologiques. Attardons-nous donc sur la question des origines et la façon dont elles nous définissent en tant qu’humains. La question des origines est en effet beaucoup plus complexe qu’elle n’y paraît.

D’après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), l’origine peut se définir comme ce dont quelqu’un ou quelque chose est issu. Pour comprendre la personne ou la chose en question, il faut donc s’intéresser à ses origines. Comme le disait Marcus Garvey : « Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines ». Ce qui s’applique au collectif, est également valable pour l’individuel : nous avons besoin de nos racines pour exister. 

Lorsque nous rencontrons de nouvelles personnes, l’une des premières questions qui nous est posée est « d’où viens-tu ? » Cette question banale et toute simple amène en réalité une réponse extrêmement complexe. En effet, l’interlocuteur·rice souhaite connaître cette partie de notre identité qui a énormément d’influence dans notre vie. Pourtant que veut-iel vraiment savoir et de quelle partie s’agit-il ? 

S’approprier ses origines

Pour certain·e·s, cette question appelle la réponse des origines géographiques, pour d’autres il s’agira d’origines culturelles par exemple. En cette Journée mondiale du droit aux origines, il est essentiel d’admettre que connaître ses origines biologiques est essentiel dans notre construction en tant qu’individu. Il est également crucial de reconnaître qu’il existe beaucoup d’autres types d’origines qui sont tout autant importants. Les origines culturelles ont également un rôle décisif et il est primordial de les mettre en lumière pour les apprécier. 

L’émergence ces dernières années des tests ADN pour connaître son héritage génétique montre un réel besoin de connaître son être dans les moindres détails et souligne également le fait que les origines de chacun·e sont plurielles. Ainsi, même si l’on grandit dans une famille que l’on dirait monoculturelle, ce n’est pas pour autant que l’on peut dire que l’on a une seule origine. La simple distinction entre nos origines géographiques, biologiques, ethniques ou encore sociales nous prouve qu’un individu peut se définir de multiples façons. 

La question de nos origines est extrêmement personnelle. Ce n’est pas parce que nous sommes issues de telle culture et que nos parents sont A et B ou C et D ou A, B et C que nous allons forcément être en accord avec cette partie de notre définition en tant qu’individu. 

Ayant moi-même grandi entre deux continents, deux pays et trois cultures différentes, la question des origines est quelque chose de complexe lorsqu’il s’agit de les expliquer à autrui. En effet, j’ai longtemps pensé qu’une simple phrase devait obligatoirement suffire pour répondre à la question « d’où viens-tu ? ». Il est réducteur de vouloir qu’une personne puisse se définir en répondant de manière simple à cette question. 

Dans un cadre professionnel, le comportement d’une personne, sa manière d’agir et de penser ont été le fruit d’une formation, d’une éducation et d’expériences passées au sein de structures différentes qui possèdent chacune leur propre culture. Nous sommes tou·te·s familier·e·s avec l’expression « culture d’entreprise » mais nous le sommes beaucoup moins avec ses produits. Parce que nos différences sont une richesse et permettent la naissance de nouvelles idées qui n’auraient jamais pu voir le jour dans un contexte monoculturel, faire confiance et comprendre l’autre fait partie des qualités essentielles d’un·e collaborateur·rice proactif·ve dans une équipe. 

Pour répondre le plus simplement à la question « d’où viens-tu » et ne pas faire peur à mon interlocuteur·rice, j’avais pris l’habitude de lisser ma réponse et ainsi toutes les origines qui faisaient ce que je suis. Cette forme de mise au placard de ma personnalité a été une faiblesse car je ne me sentais pas le courage d’énoncer des idées et ma manière de pensée qui allaient à l’encontre du contexte culturel dans lequel je m’inscrivais. Une grande partie de ma formation s’est faite à l’étranger et refuser de la présenter à l’autre était la passer sous silence et ne pas lui donner la chance de participer aux projets dans lesquels j’étais inscrite. 

Parce que nous nous construisons tous de jour en jour, par ce que nous lisons, ce que nous écoutons, ce que nous mangeons et avec qui nous faisons tout cela, nous nous redéfinissons constamment et les origines ne peuvent pas être quelque chose de fixe dans notre existence. Il ne faut pas avoir peur d’exprimer ses origines quand on les connaît car elles sont notre richesse au quotidien et également celle de notre entourage. 

Un article d’Elsa Héloïse Atona-Boundji, Chargée d’études chez Junior ISIT


Toutes les fleurs ont des racines

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